Denis Robin secrétaire général de la mer remplace au pied levé le ministre en ouverture du colloque. Il se reconnaît hors de portée de l’indulgence des chercheurs mais sollicite leur compréhension. Le gouvernement dans sa souffrance cet hiver a relevé l’intérêt fort des citoyens pour les enjeux maritimes et littoraux. Ce sont 350 000 concitoyens, qui manifestent une crainte de la pollution, de la gestion du trait de côte et de la perte de biodiversité lors du grand débat. Cela concerne toute la population française, bien au-delà du littoral. Face à cette inquiétude, se met en place dans le discours un réquisitoire contre la peur, largement repris par la suite. « La peur conduit souvent à l’inaction ». La société est bien au courant du problème mais « il faut la convaincre les français de l’utilité de ce que nous faisons ». On entend ici qu’il faut établir une relation de confiance en l’efficacité à court terme de la recherche.
Les entreprises qui ont besoin de stabilité ont compris que la nouvelle compréhension holistique du monde émergeante nécessitait une « agilité » et des engagements en termes de responsabilité sociétale (RSE). Le cluster maritime consultait en 2019 ses chefs d’entreprises pour savoir quels étaient les principales difficultés envisagées pour ces prochaines années. Trois enjeux fondamentaux ressortent :
- L’environnement : la restauration et la non-dégradation sont le principal défi de l’économie bleue.
- Le manque de main d’œuvre qualifiée : la formation aux métiers de la mer est délaissée.
- Les multiplications des perturbations naturelles et climatiques impactant en particulier le le trait de côte.
Les entreprises intègrent que leur survie dépend plus du sens même de leur activité que de leur taux de croissance.
La France est équipée d’outils de recherche et d’une flotte océanographique importante qui lui permettent de faire augmenter les connaissances de nos océans de manière significative. La société civile dans son ensemble attend de la recherche des certitudes. Or dans la recherche, on ne fournit pas un résultat sans une incertitude. Cela ne doit pas empêcher de prendre en compte les résultats de la science lorsqu’ils convergent vers les mêmes constats. Récemment, on observe que lorsque la société s’approprie une question scientifique, elle pèse dans les décisions. Il est donc vital pour la biodiversité marine que la société civile s’approprie la soif de connaissance dont fait preuve la recherche.
Au-delà de son but premier qui est de donner à l’Homme une meilleure connaissance du monde, la recherche pose des questions pour la première fois. Elle peut aboutir à des résultats inattendus susceptibles de renverser nos schémas de pensées. La recherche nous permet non pas d’avoir des certitudes mais d’anticiper les conséquences de nos actions. La France a la chance d’être présente dans tous les océans du globe. Sa voix compte sur les questions maritimes. À nous de faire porter cette voix.