L’IPBES - de l’anglais Intergouvernmental science-policy Plateform on Biodiversity and Ecosystem Services- est un organe intergouvernemental indépendant créé en 2012 par 94 gouvernements. Au printemps 2019, il publie quatre rapports régionaux sur la biodiversité du monde entier. Dirigé par 550 experts et plus de 100 pays, cet état des lieux devient ainsi le travail le plus consistent sur l’état de la biodiversité à l’échelle planétaire mais aussi le plus alarmant des constats scientifiques. En Europe, il souligne qu’un tiers des espèces marines et deux tiers des types d’habitats marins présentent un statut de conservation défavorable. La densité de ces habitats et espèces est en diminution forte entrainant la perte des services écosystémiques associés.
Actuellement, la secrétaire générale de l’IPBES est une française. Loin de l’activisme écologiste des années 2000, Anne Larigauderie disait le 6 mai dernier au micro de Nicolas Demorand: « Ce qui nous préoccupe, c’est la vie des êtres humains sur terre. » Si cette phrase peut choquer par son anthropocentrisme, elle montre que la préservation de la biodiversité n’est pas seulement l’affaire des amoureux de la nature. Emmanuel Macron lui-même martèle « l’écologie est le combat du siècle ». Le grand rendez-vous au glacier de Chamonix le mois dernier met les rapports du GIEC et de l’IPBES au premier plan. L’Office Français de la Biodiversité est officiellement créé à cette occasion. La deuxième intervention officielle de Pierre Dubreuil en tant que directeur de l’OFB sera l’ouverture du colloque Biodiversité Marine. La mer tient une place de plus en plus centrale à l’IPBES comme au GIEC car elle assure jusqu’ici la résilience de la planète face aux activités humaines, notamment par sa biodiversité. Les statistiques connues sont sans appel : « Depuis 1870, 50% des récifs coralliens ont disparus dans les monde ». « La diminution de la biomasse de poisson d’ici la fin du siècle sera de 3 à 25% selon les scénarios du changement climatique alors que la demande augmentera ».
Peu à peu le sentiment d’urgence s’empare de tous les esprits, y compris chez les chercheurs qui voient leurs prévisions s’aggraver. On parle de climato-dépression. Cette urgence semble donc réelle. Doit-elle pour autant nous inquiéter ? La crise actuelle nous fait vivre « au ralenti ». Cette pause est un cadeau sans précédent que la nature nous oblige à lui faire. L’IPBES dans ses premiers constats invite à considérer les populations autochtones comme des gardiens de la biodiversité. Ces populations, respectent naturellement la nature dans leurs pratiques. Leur viabilité est intrinsèquement liée à l’état de la biodiversité. C’est le cas par exemple dans les petits pays insulaires1où la pêche est un facteur crucial de subsistance. François-Xavier Bellamy, philosophe, homme politique, nettement catégorisé « de droite » nous exhorte dans son livre Demeure à fuir le mouvement perpétuel pour rechercher d’abord une direction dans laquelle inscrire nos actions. Il y a une convergence entre ces pensées et les démonstrations de l’IPBES. Elles conduisent à éliminer le superflu pour nous raccorder au réel.
Le changement dont nous avons besoin s’appuie en premier lieu sur la définition d’un but commun à long terme. L’urgence n’est pas tant dans le sauvetage de telle ou telle espèce que dans la découverte que nous sommes tous liés à la nature.
1 voir 7. Les petits pays insulaires